Pascale HEBÄCKER a travaillé pendant 20 ans en entreprise avant de devenir avocat, dans des univers professionnels variés et exigeants. Elle connaît bien le fonctionnement des TPE/PME comme des grands groupes internationaux.

INTERVIEW

Vous avez commencé votre carrière en entreprise

Oui l’entreprise a été un passage essentiel qui a forgé ma pratique d’avocat et aussi de médiateur. J’aime le terrain, aller au contact des opérations, découvrir de nouveaux business models. J’ai toujours porté beaucoup d’intérêt aux relations humaines qui se jouent en entreprise.

Vous avez fait vos premiers pas dans le secteur du prêt-à-porter

Après mes études de droit à Paris 2 Assas, j’ai commencé ma carrière en créant ab initio le service juridique d’une célèbre société de prêt-à-porter. Un vrai baptême du feu.

Puis vous avez enchainé dans le milieu aéroportuaire

J’ai pris la direction juridique d’un groupe exploitant des concessions : boutiques hors taxes et restaurants en aéroports, en particulier à Roissy et Orly. Les actionnaires, Air France et ADP, tenaient à la réunion de conseils d’administration trimestriels pour passer l’activité à la loupe. Je préparais ces réunions délicates avec le président et les contrôleurs de gestion. Je participais aux conseils d’administration et aux AG, et rédigeais les PV. Cette partie corporate était un exercice très politique. Et bien sûr, j’apportais mon support dans tous les aspects juridiques qui touchent l’entreprise : contentieux prud’homaux, assurances, conventions intra-groupe, respect du droit de la consommation…

Et ensuite vous avez connu une carrière internationale

Je suis venue à Marseille pour prendre la direction juridique du n° 1 mondial du catering en bases-vie, notamment les plateformes pétrolières on shore et off-shore. Le groupe familial qui m’avait recrutée a rapidement cédé son capital à COMPASS Group PLC. Changement de dimension avec 400000 salariés et changement de culture avec un groupe anglais. J’ai alors créé mon poste : Directeur juridique Afrique & Moyen-Orient. J’ai piloté la vente des activités non core business : vignobles, cafeterias, parc immobilier… Pour me concentrer ensuite sur le développement du groupe à l’international : Angola, Nigeria, Egypte, Liban, Sultanat d’Oman… Au bout de 10 ans, de rachats en partenariats, une trentaine de filiales étaient opérationnelles. Un vrai challenge en termes d’organisation et de relationnel avec les directeurs de filiale, souvent expatriés.

Vous avez été conseiller prud’homal

Oui pendant 5 ans j’ai été conseiller prud’homal en section encadrement. Une expérience très utile pour préparer la rupture d’un contrat de travail et pour appréhender un contentieux prud’homal.

Etudiante en droit, vous enseigniez déjà. Puis à Marseille, vous avez été professeur à Kedge Business School

Pendant 4 ans, j’ai enseigné le droit européen de la concurrence et le droit des affaires. Presque tous mes cours étaient en anglais. Aujourd’hui, j’entends développer des formations sur le bel outil qu’est la médiation.

Que vous a apporté ce parcours atypique dans votre métier d’avocat

Une approche très pragmatique du droit orientée vers le résultat, du droit comme un outil au service de l’entreprise, et non comme une fin en soi. Connaître le monde de l’entreprise, ses rouages, savoir décoder son ADN, tout cela est essentiel pour mieux conseiller les dirigeants. Mon expérience en mode multiculturel est aussi un plus pour accompagner des étrangers qui souhaitent s’implanter en France, ou des entreprises françaises à l’étranger. Il y a aussi les PME qui ont besoin d’être aidées dans leurs réunions et leurs négociations avec de grands groupes. En effet, les anglo-saxons sont très attachés au respect des délais et au travail d’anticipation dans la préparation des dossiers.

Et dans votre métier de médiateur

J’ai toujours privilégié la négociation, la recherche de solutions amiables. C’est une sorte d’instinct développé en entreprise. Le contentieux doit être l’ultime option. L’importance du temps consacré à la gestion des conflits n’est pas correctement mesurée. Une étude a démontré que les salariés passent en moyenne 1 jour par mois à gérer des conflits au travail, et c’est le coût le plus visible… Dans ma pratique de médiateur, ma double expérience favorise la symbiose avec les parties et leur avocat. Je connais leur univers. Le travail de médiation peut s’opérer plus facilement, de manière plus fluide, plus naturelle.

– Maîtrise de Droit des Affaires et Fiscalité, Paris 2 Assas

– Certificat de juriste d’affaires de l’Institut de Droit des Affaires (I.D.A.), Paris 2 Assas

– Certificat de l’Institut de Hautes Etudes Internationales (I.H.E.I.), Paris 2 Panthéon

– DESS de Commerce Extérieur, Paris 2 Panthéon

– Diplôme d’Université Médiation & Négociation (DU), I.H.E.M.N. et Université de Nîmes

Réfléchir ensemble et partager ses expériences…

– Commission de droit social du Barreau

– Commission MARD du Barreau

– Marseille Médiation, membre de la FFCM

– Union des Médiateurs près la Cour d’appel d’Aix-en-Provence (UMEDCAAP)

– Association Française des Juristes d’Entreprise (AFJE)

– Jury au concours annuel de médiation du CMAP

Créateur de programmes pour transmettre mes connaissances

Pascale HEBÄCKER intervient auprès de l’Ecole des Avocats du Sud-Est (EDASE) pour sensibiliser les avocats à l’outil médiation, et les préparer à accompagner efficacement leur client en médiation.

Elle intervient également auprès d’associations professionnelles ou en entreprise, avec des programmes sur mesure pour faire découvrir les possibilités qu’offre la médiation de manière préventive ou curative.

Pascale HEBÄCKER travaille en partenariat avec Florence LESCURE, Denis MARTINEZ et Lucile MONTY.